
Hier, j’écrivais être en jour « racines » (et donc être d’une humeur de dogue pas nourri depuis 15 jours environ) et de revenir plutôt en jour « fruit ». Je vous annonce que nous ne sommes toujours pas en jour fruit.
En effet, alors que je vaquais tranquillement à mes occupations (interviewer une spécialiste du thé, incroyable entretien, tellement hâte de le retranscrire), on m’a mis sous les yeux cet article. C’est peu de dire que je suis passée par un tas d’émotions: la franche hilarité, la stupéfaction, la fatigue, et puis la colère sourde, un peu, celle qui est là depuis un moment et n’est pas prête – hélas – à se taire.
Qui croit encore que les femmes n’aiment pas la bière en 2020 ?
L’entame est déjà magique. Les femmes aiment la bière. Waw ! Peut-être même qu’à un moment elles vont décider d’en brasser, hein, on sait pas.
Pour celles et ceux qui n’ont pas envie de se coltiner l’article, qui aligne les poncifs de la plus incroyable des manières, je résume: deux hommes, le 8 mars approchant, une bière « faite pour les femmes et au goût des femmes ». Comprenant de la cerise et de l’hibiscus, titrant à 2,5 %. Le nom? Fée minine. Ai-je vraiment besoin de commenter ce choix? L’étiquette, on en parle?
Alors, en soi, qu’on décide de réaliser un brassin spécifique pour un événement particulier, pourquoi pas? Faire une bière (bonne, et à destination de toutes et tous) le huit mars et reverser – au hasard hein – l’intégralité ou partie des bénéfices à des associations luttant pour les droits des femmes ce ne serait pas une super idée?
Mais ce n’est absolument pas ce qui se produit ici. Deux hommes ont décidé de « faire plaisir aux femmes et de respecter leurs goûts ». Quand on décide sciemment de viser une clientèle en particulier, ça s’appelle du marketing genré, et celui-ci s’appuie sur des clichés sexistes. Qui concernent le goût, mais aussi la production. Et c’est tout ce qu’on ne veut plus en 2020. On le redira jusqu’à plus soif: nous aussi on aime l’acide, l’amer, les saveurs fortes, les bières riches en alcool, non aromatisées. Autant de goûts que de femmes et d’hommes en somme. Je vois d’ici certains reprendre la bouche en cœur une des phrases de l’article: « certaines femmes ont déjà marqué leur intérêt ». C’est du même niveau que « je ne suis pas sexiste, je couche avec des femmes ». Je l’ai lu, cet argument, je n’invente rien.
Il est tout de même grand temps de s’interroger sur la pertinence de l’adjectif « féministe » utilisé à toutes les sauces. Non, faire une bière pour femmes n’est pas féministe. Faire une bière tout court n’est pas non plus féministe. Pas plus qu’arborer un tshirt. En fait :
Si l’on me permet ce trait d’humour :
C’est pas humain d’être aussi con.
Non, c’est masculin.
Donc, pour conclure: vous souhaitez faire quelque chose pour les droits des femmes? N’attendez pas le huit mars. Cherchez les brasseuses. Buvez en priorité des bières faites par des femmes. Et même des sorcières. Je n’ai pas écrit « pour des femmes ». Suivez les initiatives de femmes actives dans le monde de la bière. Lisez des autrices. Elles sont plusieurs.
Quant aux initiatives d’hommes… comme je l’écrivais hier à propos de cet article sur le vin féminin:
Je propose qu’on interdise aux hommes d’écrire sur le vin, ils manquent franchement d’élégance.
Liège et sa province sont en bonne place pour remporter le trophée du mauvais goût en matière de noms de bières. Voici la 5eme ridiculement sexiste.
La Fée Minine. Hihiiiiiiiii!
OMG.
On peut être un homme et être féministe (partisan du féminisme) … on peut être brasseur ET féministe … c’est mon cas. Mais là…c’est … bon sang j’ai encore du taf auprès de mes collègues brasseurs.
Alors oui… on me dira que j’ai une bière qui s’appelle « la MadaM » … que ça fait très sexiste, surtout quand on sait que c’est une blanche rosée sans sucre à 4.2°. Mais faut savoir que c’est une bière faite pour le mariage d’un couple d’ami dont les prénoms commencent respectivement par Mad et par Dam … et que l’exigence de Mad était que ce soit une blanche rosée, et l’exigence de Dam c’était que la bière ne soit pas trop forte en alcool. D’ailleurs j’ai offert le premier brassin pour leur mariage.
Par chez moi dans l’Aube (10) :
Brasserie Thibord avec Clémence
Brasserie du Moulin de Saint-Martin avec Mahaut
Venez découvrir 🙂
C’ets une personne qui essaie de se faire de l’argent sur le mouvement des droits des femmes.
Une eprsonne que je connais et qui a ‘pris’ les recettes de son meilleur ami qu’il a rejeté de l’activité.
Mais surtout … il n’ apas de numéro de TVA, ne suis pas les règles de l’AFSCa puisque sa fille de 3 ans ‘brasse’ avec lui … beurk Bref tout pour que cela ne soit pas du tout un succés!
C’est indélicat au possible, c’est limite réducteur, c’est…
Bref …
Mais, au risque de passer pour une chieuse, il y a une chose qui entache cet article aussi sûrement que cette bière est une mauvaise idée pensée de la sorte: venir dire « c’est pas humain d’être aussi con. Non c’est masculin », c’est aussi réducteur envers les hommes que cette bière est réductrice pour les femmes.
Bref, concernant le fond du problème, l’égalité des sexes, on en est encore loin de la solution et ce de part et d’autre!